Le manteau statufié
La nef sur une toile blanche pâlit.
Elle file comme un funambule qui dessine son fil ; ceux qui dorment dedans n’ont que les yeux fermés mais ont l’esprit béant.
Sous la sphère givrée, sur le globe gelé, eux aussi pâlissent. Mais ce n’est pas de froid.
La peur est un manteau de laine qui terrasse la glace.
Enfin la nef a passé cette ligne formée sans matière,
Mais ceux qui y dormaient, sans la crainte du froid, d’eau se sont statufié.
Une seule, parmi eux, à foulée la jetée.
Désolée, triste et résolue,
Elle passe la grande porte surchargée de diamants et traverse les rues tapissées de satins.
Mais que faire, épuisée, sinon s’agenouiller et tendre les mains.
Aucun mur cette nuit et pas de cheminée ;
Elle pâlit. Le froid est celui de la nef et le manteau de laine s’est dissipé dans l’air.
Éveillée, les yeux écarquillés et l’esprit contracté, elle va, nue, embrasser la pierre polaire d’une statue au nom de désespoir.