Chambre froide
Comme la fenêtre au matin après la pluie,
Comme les rayons flous pénétrant dans ma chambre,
Comme les draps frisquets et sans plis de mon lit,
Mes lèvres et mes joues comme un mois de décembre.
Ô murs !
Ô murs ! Vous qui fixez mes tableaux et mes gestes,
Vous qui prenez poussière au lieu de prendre hiver,
Vous qui ne dormez pas quand le sommeil me leste,
Que suis-je dans ce creux, sous ce plafond de pierre ?
Pourquoi mon cœur à mal comme un banal satyre ?
Pourquoi mon vert iris et ma noire pupille
N’ont-ils un peu de rouge et le reflet d’un rire ?
Pourquoi suis-je assommé par la mélancolie ?
Je voudrais être une hydre ! Je voudrais être hybride !
Un double doux mélange entre l’amour et l’ange !
J’envie les fous bavant capables de s’aimer !
Capable d’embrasser son soi camisolé !
J’envie les animaux que l’esprit ne dérange !
Je veux suivre quelqu'un dans la folie des rides.
Oui…
Je veux accompagner une naïade, une oréade,
Du lit de sa rivière au lit de l’effusion
Jusqu’au lit froid et dur qui suivra la noyade,
Dans l’abyssal tombeau des corps en collision.