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écrit-vin anonyme
11 janvier 2009

l’histoire du poètes qui ne décuva jamais de ses années à boire les mots

Connaissez vous l’histoire du poète, qui dans sa vie antérieure, passait ses journées à boire, à absorber les mots, tel un alcoolique qui se sentait plus libre, dés qu’il buvait le mot évasion, qui se sentait plus léger lorsqu’il avalait le verbe s’envoler.

Cet écrivain n’était qu’un jeune homme, comme tout le monde, habitant chez ses parents, allant à l’école, faisant ses devoirs, puis allant se coucher. Comme tout le monde, il rêvait d’une vie meilleure, une vie moins lassante, une existence moins rébarbative et des années pleines d’aventures à passer.

Il voulait partir, connaitre un peu mieux le monde dans lequel il était né, et lui demander au passage, pourquoi une journée lassante passe lentement, pourquoi celle merveilleuse passe rapidement, alors que ces deux journées ont exactement la même durée.

Le jeune poète partit donc, quittant cette vielle bicoque qui était la sienne, pour ce monde nouveau à qui il appartenait.

Il savait exactement où il allait, quelle était sa première étape dans ce voyage. Il avait jadis entendu une légende, il croyait aux légendes. Vous vous n’y croyez pas ? Vous devriez, cela n’encombre pas notre esprit. Les légendes savent se faire petites, même les grandes légendes, cependant, elles enjolivent votre conscience, font fleurir vos rêves et en font germer d’autres.

Peu importe, revenons en à nos moutons. Cette légende, parlait d’un vieux sage, une espèce de chaman, qui, avec l’appui de ses mots si enchanteurs, était parvenu à acquérir le don de chambouler l’abstrait et le concret. Notre jeune poète sut dés l’instant où cette légende franchit le seuil de son ouïe, qu’un jour ou un autre, son chemin croiserait celui du vieux sage.

Le voilà donc parti, en direction des montagnes, où s’est retiré le chaman tant convoité. Après plusieurs jours de marche, le jeune homme, épuisé, parvint à destination, juste devant la case du vieillard. Cette maisonnette, ressemblait à une vielle cabane, dont les murs, fait de troncs d’arbres allongés les uns sur les autres, semblaient accueillir sur leur écorce d’élégantes plantes qui se développaient et submergeaient la maison de par leurs nombreux verts. La hutte du vieux sage possédait un toit en chaume ainsi qu’une cheminée en galets, d’où sortait une légère fumée grise.

Le jeune écrivain s’approcha de l'entrée, et après un semblant d’hésitation, frappât à la porte. Des pas résonnèrent, et celle-ci s’ouvrit, laissant apparaître un homme d’une extrême vieillesse, à l’allure pourtant dynamique et joyeuse. Son regard aux yeux gris clair regarda le jeune homme, et lui dit, de par sa bouche dissimulée sous la longue barbe grise :

- Un jeune garçon frappe à ma porte, alors qu’en ce jour toute les maisons ont une sonnette en leurs possession, même celle d’un vieillard. Puis-je savoir quel est cet étrange personnage, qui, peut-être ne fait que passer, mais qui semble pourtant rester pour plus de temps. Dans ce cas là, veuillez entrez, nous irons prendre le thé, la discussion sera meilleure que sur le seuil de ma maison.

Le jeune homme ne dit rien, et entra sur la demande de son hôte.

Lire la suite...

L’intérieur de la maison semble tout droit sortit d’une illusion. Paressant, au premier regard plutôt banale, mais celui qui sait observer, aura tout de suit remarquer que l’escalier sur le coté ne mène absolument nulle part, et s’arrête une fois que le plafond se met en travers de son chemin. Celui qui cherche à comprendre ce que sont ces drôles de fioles déposées sur cette étagère circulaire qui tourne autour du poteau central, aura vite fait de remarquer que les étiquettes sur les flacons demeurent des mots tels que amour, espoir ou encore frisson.
Le vieillard emmena le jeune homme dans le salon, où il lui proposa de s’asseoir. Celui-ci ne refusa pas et s'installa sur un canapé en face d’une table basse et d’un vieux fauteuil. Pendant que le chaman partait chercher le thé, le jeune homme observait la salle. Partout des meubles anciens, à l’odeur des temps passés, ainsi que des tableaux d’art surréalistes et pointillistes.
- Comment voulez vous votre thé ? cria t-il du fond de sa cuisine.
- Je vous laisse choisir.
- Si tel est votre désir. Alors il sera doux, bien que puissant, est plein d’aventures.
Le jeune homme bien que surpris, n’y prêta guère d’attention, l’excentricité des ses paroles semblait presque banale dans ce lieu si étrange.
Quelques minutes plus tard, le vieil homme revint, déposant un livre sur la table, devant le jeune futur poète.
- Voici votre thé jeune homme.
L’invité regarda le vieillard, puis le livre, l’air éberlué, il porta à nouveau son regard sur le vieux sage qui s’assit sur le fauteuil en face, et ouvrit son livre, ne jetant que de brefs coups d’œil sur les pages.
- Vous ne buvez pas votre thé, dit-il, il est trop chaud ?
- Euh… non, il est parfait.
- Heureux de vous l’entendre dire.
Alors le jeune homme ouvrit le livre, la couverture en cuir était si chaude, qu’il retira sa main et fut si surpris, qu’il du attendre quelques secondes avant d’oser rouvrir le manuel. Il observa les pages et fut submergé par un flot de sensations à la vue des taches de tasse de thé sur les feuilles blanches, l’espace d’un instant il crut que tout le thé du monde se déversait dans sa gorge.
- Attention, ne vous étouffez pas, conseilla le vieil homme.
Le jeune écrivain acquiesça d’un signe de tête, incapable de parler, le goût du thé et sa chaleur encore dans le gosier. Il reprit une petite gorgée, et alors comprit en quoi le goût était si spécial, il coulait dans sa gorge avec douceur, mais la saveur qu’il avait se répandait comme de la vapeur dans son corps. Dés l’instant où il bu quelque lampée de ce thé, ses désirs d’aventures s’intensifièrent.
- Alors mon jeune ami, reprit le vieillard, tout d’abord répondez à cette question, pourquoi frappez à une porte où la sonnette ce trouve juste à coté ? Pardonnez moi d’être pointilleux à ce point.
- Il me semble que l’expression « frapper à la porte » ou encore « toquer à la porte » à plus de charme et traverse les générations, plutôt que de dire «sonner», ou alors même «appuyer sur la sonnette», ce sont pour moi des mots qui n’ont aucune grâce, aucune beauté.
- Enfin un argument digne d’être cité. Dites moi alors ce que vous venez chercher dans ma petite, mais cependant, charmante bicoque.
- Monsieur, j’ai un jour entendu une légende à votre sujet, et vous voir aujourd’hui, dans cet étrange endroit, m’amène à croire que cette légende n’était point inventée. J’aimerais alors vous demandez, si vous auriez l’amabilité ainsi que la possibilité de m’apprendre à chambouler, comme vous,  l’abstrait et le concret.
- Chambouler l’abstrait et le concret… si c’est ce que tu veux, rien n’est plus simple. Assied toi contre un arbre durant une semaine, ne réfléchis qu’à ces deux définitions de l’abstrait et du concret, à partir d’un certain temps, ces définitions n’auront pour toi plus le moindre sens, alors tu seras prêt, et tout cela te paraîtra évident.


Ainsi, sous les conseils du sage, le jeune homme durant une semaine, adossé contre un arbre, médita sur ce qu'étaient l’abstrait et le concret. Pendant tout ce temps; il n'eut pas faim, il se nourrissait d’idées.
La semaine passée, il sortit de sa transe, et son état d’esprit fut changé à jamais,  transformé pour l’éternité. Il commença donc sa grande aventure dans ce monde qu’il connaissait si peu. Il traversa les étranges contrées du bonheur, mais également les désespérantes régions de misère. Là bas, au moindre mendiant qu’il rencontrait, il déposait dans le vieux chapeau à terre, un peu d’amour. Il déposait dans la main de ceux qui la lui tendait, de l’espoir pour l’avenir. Il transformait les pleurs en larmes de bonheur. Partout dans le monde il était connu, sa réputation devenait chaque jour, plus grande. L’homme aux mots enchanteurs, le poète qui naviguait sur les mots, l’écrivain dansant sur ses écrits.

Mais tout ça lui importait peu, il se contentait de savoir que les gens l’aimait bien, que ce qu’il faisait leur procurait du plaisir. Mais comme toujours, les envies de sa jeunesse, partir à l’aventure, remontaient dans son esprit, refaisaient surface à l’intérieur de son âme. Alors un jour, après avoir rendu le monde plus merveilleux que dans les rêves, il partit à l’aventure, comme il l’avait si longuement souhaité auparavant. Et plusieurs années après la rencontre avec le vieux chaman, il se retrouvait enfin sur le bateau qui l’emmenait au loin.

L’embarcation s’éloignant de la cote, il dit au revoir aux milliers de personnes qui vinrent pour le voir s’éloigner, et disparaître derrière l’horizon.

Durant de nombreuses années de sa vie, le poète naviguant sur les mots, parcourut les contrées les plus étranges du monde. Les forêts de la liberté, les désert de l’errance, la grande muraille de la marche… pendant tout ce temps il fut l’aventurier qu’il avait toujours rêvé d'être, écrivant son journal de bord au fur et à mesure de sa progression, l’enjolivant de poèmes et de contes, redonnant joie et espoir partout où il passait. Il parvint même à aller jusqu’au bout du monde, et demanda enfin au monde, pourquoi une journée lassante passe lentement, pourquoi celle merveilleuse passe rapidement, alors que ces deux journées ont exactement la même durée ? Le monde lui répondit : chacun en soi, est un peu maître du temps, si les journées lassantes te paraissent longue, c’est que toi-même fait en sorte que celle-ci soit lente.
Le poète se contenta de cette réponse et reprit son voyage.
Bien des années après, il revint dans sa région natale afin de se reposer.Le lieu si beau qu’il avait un jour abandonné était devenu en ce jour immonde et miséreux comme s'il le découvrait pour la première fois. Alors à nouveau, il redonna espoir, amour et courage au gens qu’il croisait. Il les incitait à s’entraider, il les poussait à s’aimer. Puis un jour, alors qu’il prit la main d’une mendiante pour lui poser en son creux une montagne de bonheur, il croisa son regard, et tout les deux restèrent immobiles durant une longue minute, s’observant, se fixant les yeux dans les yeux.

Elle était magnifique, son regard au iris bleu-vert, le perçant de par sa misère mais également sa bonté. Les boucles de ses cheveux blonds, sales, qui passaient devant ses yeux. Son nez si fin, si mince. Son visage si doux. Elle portait une couverture très légère sur ses épaules, un drap abîmé et troué, d’où dépassait l’un de ses bras, dont la main restait tenu par le poète. Elle la referma sur celle de l’écrivain, et celui-ci, porta son autre main sur la joue si fragile de la jeune et pauvre fille. Avait-il vu un jour plus beau visages ? sûrement pas, et certainement que pas un de ses mots ne parviendrait à décrire sa splendeur ainsi que sa fraîcheur.
Il la serra dans ses bras, et lui chuchota des mots doux à l’oreille. Il lui proposa de l’aider, il lui demanda son cœur.
Ils rentrèrent, leurs bras toujours enlacés, au domicile du poète.
Enfin, le poète semblait réellement heureux, comme si, à elle seule, elle lui apportait plus de bonheur que ses centaines d’aventures.

Il continuait de distribuer la beauté dans les rues, et pour la première fois, ressentait comme une envie de leurs crier merci, merci de lui avoir offert cette si belle, gentille et généreuse créature, qui lui était apparue, dans le pire des lieux, cet endroit de misère qui fait pleurer chaque passant qui le regardent avec la même attention que le poète.
Si seulement l’histoire s’arrêtait ici, mais non, elle continue.


Un hiver, la femme du poète tomba malade. Ses cheveux blond, mélangés à ses cheveux blancs demeuraient si pâles. Son visage semblait si frêle, son regard si implorant. Mais le poète n’arrivait pas à la soigner, les médecins ne parvenaient à rien, pas même le vieux chaman car il était mort, après toute ces années.
Mais le poète s’occupait d’elle avec ton son amour, elle semblait reprendre joie à ce qui l’entourait. Cependant un matin, alors qu’il la sentait, trembler à coté de lui, il la prit dans ses bras, la recouvrant de tout son être, les larmes du couple tombant sur leurs épaules. Elle suffoqua quelques instants, mais devint plus calme par la suite, la si belle femme parvint à profiter de ces instants d’amour, puis s’éteint, dans les bras de son mari.
Les jours devinrent alors si longs. Les journées devinrent des semaines. Les semaines, des mois. Les mois, plusieurs années entières. Et en effet, durant une éternité à ses yeux, et à ceux du peuple, il resta chez lui, effondré sur le sol, le regard vide, observant le mur face à lui. Quand soudain un jour, réalisant ce qui se passait, ce qu’il devenait, voyant ce que le monde, cet hiver, et cette mort avait fait de lui, il se leva, excité, prit le concept de liberté, l’envoya valser contre un mur. Il se saisit d’une masse et détruit le mot amour. Il attrapa des poignées de mots et les envoya voler dans la maison. Il les écrasait, les jetait, les insultait. Il passa la journée à détruire ce qui avait fait sa vie, à se lamenter d’être né, puis une fois épuisé, il retomba à terre, glissant contre le mur, couché sur le sol.

Il observa le désastre qu’il venait de causer, quand soudainement, à la vue d’un mot sur le plancher, une idée folle lui vint à l’esprit. Il prit dans sa main le mot à terre, le mot dépendance, le poète le glissa entre ses lèvres, l’infiltra dans sa bouche, et brusquement, se fut comme une vague de sensation qui déferlait en lui, jamais un mot ne signifia plus pour lui, qu’à partir de ce jour, ou il commencer à les manger, à les boire, comme l’on boit de l’alcool. Il but, il but, il but durant des jours et des jours, devenant, à chaque gorgée, un peu plus dépendant. Le monde qui l’entourait ne le voyait plus que boire, boire tout ses mots à longueur de journée et l’homme si bon qu’il était devenu fut anéanti par cette folie qui l’avait gagné.
Les années passèrent. Le poète devint de plus en plus vieux, sa chevelure en ces jours était devenue grise, d’un très beau gris foncé. Mais un jour, allez comprendre, tout changea. Peut être avait-il but le mot « raison », ou le mot « pensée », mais il s’arrêta de boire les mots, du moins, il arrêta de ne faire que boire. Il ouvrit une boutique, la boutique des mots l’appela t-il, et jamais bazar ne fut plus original. Il y vendait des potions à sentiments, comme celle du vieux sage, des plus ou moins forte, amour et gentillesse, frisson pour les enfants, extase pour les plus grands, mort pour les droguées. Il y vendait des mots nouveaux, pour les artistes, pour les innovants, et un salon de thé en livres pour les ancêtres. Peut être trouvez-vous l’idée de ce magasin ahurissante, en tout cas il a bien fonctionné, le principe étant même si simple que le prix de tout les articles du magasin, était simplement de faire quelque chose pour le monde : enlacer un malheureux, relever un maladroit, apporter son aide à un timide, encourager un mendiant et l’aider si possible…

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Commentaires
P
Eh ben !!! Quelle histoire !<br /> Sa vie est bien remplie à ce jeune puis vieux poète...<br /> Si seulement tous ces beaux sentiments pouvaient revenir dans notre monde !<br /> A travers les histoires... c'est déjà pas mal.<br /> Bravo et continue comme ça...<br /> Je continue de me balader chez toi.
F
Voilà une toute belle histoire pour faire ton entrée dans la blogo ! Je viendrai te lire souvent si tu persévères. On disait que OUI, hein ?
écrit-vin anonyme
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